Eddy Lepp naît en mai 1952 et grandit à Reno, dans le Nevada. En 1972 il fait l'armée qui l'envoie faire la guerre au Vietnam. Quand il revient aux USA en 1986 après environ quatorze ans, il retourne directement chez son père à Reno, il est indemne physiquement, mais pas mentalement, la sale guerre l'a un peu secoué. Il commence à faire des petits larcins et des arnaques, appliquant selon lui les leçons qu'il avait retenu de l'armée, additionnée à une enfance difficile, et il trouve finalement un travail dans un Casino, barman, et il noie son trauma dans la consommation de drogues. Entre 1988 et 1989, il a un sursaut de lucidité qui lui fait retrouver un semblant d'équilibre.
Un jour il apprend que son père a été diagnostiqué d'un cancer. Cette nouvelle le sort de sa léthargie provoquée par l'armée et par l'abus des drogues. C'est là qu'arrive à lui l'information du pouvoir thérapeutique du cannabis. Le père d'Eddy, sa maladie empirant, ne s'alimente plus que très difficilement. Eddy le fait fumer, et le cannabis lui redonne l'appétit nécessaire pour qu'il mange, et qu'il reprenne quelques forces. Hélas pas assez pour le sauver, mais après son décès, le médecin de son père lui confirme qu'en le faisant remanger, Eddy lui avait fait gagner plusieurs mois de survie.
On peut s'autoriser à penser que ça a certainement aussi apporté à son père mourrant, un regain de dignité, généré par l'amélioration de son hygiène de vie, peut-être aussi de son humeur. Toujours est-il qu'à partir de ce moment là, devant le gâchis de la mort de son père qui aurait pu être évitée s'il avait su avant pour le cannabis thérapeutique, Eddy Lepp devient un activiste pour sa légalisation. C'est aussi à ce moment qu'il commence à essayer de gérer son Syndrome de Stress Post-Traumatique provoqué par la guerre, en consommant lui-même du cannabis avec des intentions d'automédication.
Et là, il tombe amoureux... On est dans les années '80. Eddy et Linda deviennent inséparables presque instantanément, des partenaires. Ils s'installent dans un coin douillet du Nord de la Californie, dans le Comté de Lake.
Les moments de bonheur ne durant jamais dans ce monde, Linda Senti est diagnostiqué du cancer de la glande thyroïde, elle doit subir une intervention très grave, qui lui ouvrira la gorge d'une oreille à l'autre. Eddy Lepp est mort de peur et désespéré, il sort dans son jardin et prie. Il jure que si Linda survit, il sacrifiera sa vie pour aider les autres à guérir. Aussi, quand Linda commence à aller mieux, il se sent comme un homme investit d'une mission divine.
En 1994, Linda Senti, la compagne d'Eddy, est très malade, il commence à cultiver de la marijuana pour sa consommation thérapeutique à elle ; il est aussi consommateur.
En , un an après que la Proposition 215 (loi d'État qui autorise le cannabis thérapeutique en Californie) ait été votée, Eddy qui se soigne déjà officiellement au cannabis thérapeutique, se fait arrêter dans le Comté de Lake avec un ami, et ils se font confisquer cent-trente-et-un plants de cannabis. Dans ce genre de cas il est de meilleur goût de plaider coupable, afin d'obtenir la clémence de la Cour, mais Eddy va jusqu'au bout et après des débats juridiques, il est déclaré innocent en raison de son statut de santé. Son co-accusé, lui, plaide coupable. Il se fait logiquement condamner.
Eddy est alors projeté malgré lui dans le feu des projecteurs, et il devient le premier américain après le passage de la Proposition 215 à se faire poursuivre, juger, et acquitter en vertu des lois Californiennes sur le cannabis thérapeutique!
Le Comté de Lake (County Lake) est un territoire situé en Californie, accolé à la frontière Est du Comté de Mendocino, et au Nord-Est de San-Francisco. Il a été occupé initialement par les Indiens Pomos. Le comté est surtout connu pour son lac (Clear Lake), et plus récemment pous ses laboratoires de métamphétamine dont les arrestations liées abreuvent la presse.
L'autoroute « California State Route 20 » part de la Côte Ouest, de Fort Bragg (CA) dans le Comté de Mendocino, traverse la Californie jusque l'État du Nevada. Sur son chemin, elle longe le côté Nord de Clear Lake, le grand lac qui a donné son nom au Comté de Lake. Tout en haut du lac se trouve Upper Lake.
C'est à moins d'un kilomètre à l'Est d'Upper Lake, et de part et d'autre de la California State Route 20, autoroute par ailleurs très fréquentée, qu'Eddy Lepp et sa femme implantent leur nid d'amour, leur petit royaume, jardins fantastiques biologiques, leur rêve brisé, qui s'est appelé furtivement « Eddy's Medicinal Gardens and Multi-Denominational Chapel of Cannabis and Rastafari », leur Ministère du Cannabis.
Au ministère, après 2002, Eddy commence des travaux de recherche sur l'intersection entre usage thérapeutique et usage religieux du cannabis, en associant rites rastas et usage médical de la marijuana. Son but est aussi d'agir plus globalement, de faire augmenter la sécurité et diminuer les prix des dispensaires, qui atteignent parfois des sommets disproportionnées en Californie (entre dix et vingt euros le gramme voire plus - 15 à 25 dollars), en centralisant la production, en permettant aux malades et aux pratiquants de religions qui requierent du cannabis lors de rituels, de cultiver eux même leurs médicaments et leurs sacrements.
Eddy Lepp et sa guilde de cultivateurs très spéciale, sont très vite dans le viseur des autorités fédérales, des patrouilles survolent constamment en hélicoptère les champs de la ferme. Ils subiront trois raids de la DEA.
A titre d'indication, entre et , le jardin collectif s'aggrandit de cent à mille membres environ, les quantités de cannabis produites sont multipliées entre les boutures, les pieds mères, les plantes en pousse, celles en floraison... Il dépasse les dix hectares.
Le Ministère fonctionne comme un Cannabis Social Club aux règles spéciales : chaque membre peut disposer de six plants pour un montant forfaitaire de cinq-cent dollars par plant. Un plant qui pousse à la ferme peut produire plus de cent grammes d'une herbe de haut vol, ce qui revient à un prix approximatif de quatre dollars quarante (trois euros trente-sept) le gramme pour un produit de haute qualité, Super Silver Haze, Sabertooth, Cherry Pez, Goo, The Beach, Strawberry Cough. Tout cela en sachant qu'Eddy n'a jamais refusé de soigner quelqun de fauché.
La ferme part bien pour donner les plus grosses récoltes légales de cannabis jamais réalisées, et quelques unes arrivent à maturité.
« La vie est stressante, le cannabis soulage du stress. », dit Eddy Lepp, il ne montre aucune peur quand les autorités cherchent à l'intimmider. « Dans cinq ans on espère aider des patients dans le monde entier, avec des graines, la connaissance, et la médecine. »
Une part non négligeable de la population dans le Comté de Lake, vit sous le seuil de pauvreté étasunien, et selon cannabis.info, rien qu'en Californie, environ huit millions de personnes ne disposent pas d'assurance maladie, et se ruinent littéralement ou ne se soignent pas quand ils sont malades. L'industrie pharmaceutique réalise une grosse part de ses profits sur ces précaires, dont de plus en plus d'entre eux se dirigent vers les médecines alternatives, et parfois se font encore arnaquer par des charlatans, des faux-soigneurs, etc.
Le cannabis thérapeutique, avec ses nombreuses vertus médicinales, est tout à fait disposé à remplacer des centaines de médicaments qui provoquent beaucoup d'effets secondaires, à court, moyen et long terme, de gravités faibles à très fortes. Car mis à part les effets recherchés par les usagers récréatifs, l'euphorie passagère pour les novices, les effets physiques comme le faible ralentissement des fonctions motrices, la fatigue provoquée par les abus de dosages - évacuée simplement à l'aide d'une courte sieste -, le cannabis ne provoque pas d'effet secondaire pénible, comme les médicaments traditionnels.
C'est pourquoi les entreprises d'Eddy Lepp sont vraiment d'utilité publique, dans un monde d'argent où le Gouvernement est le premier à presser les citoyens, à provoquer du stress, de l'angoisse, de la colère au peuple.
Les citoyens ont un choix à faire, pipé dès le départ : soit dépendre du système de santé imposé par le Gouvernement, avec les acteurs duquel il a des contrats où des sommes importantes ont été investies ; soit de faire autrement, et de se mettre hors la loi quand ils décident de se soigner convenablement et d'ainsi ne plus se faire presser par la main de fer étatique et par celle des labos, de toutes les industries modernes que le cannabis peut remplacer, et qu'elles ne veulent surtout pas voir se développer car ce serait un concurent trop fort et il provoquerait un déclin certain de ces industries polluantes.
Afin d'être en conformité, à la fois avec la loi, et avec ses convictions personnelles, Eddy Lepp ne distribue d'herbe que pour deux raison: soins médicaux, et sacrements religieux.
On pourrait penser que le profit est ce qui motive toute personne qui développe un tel système, sauf qu'Eddy Lepp casse aussi les tarifs de l'herbe de rue, les tarifs de l'herbe légale des dispensaires de cannabis thérapeutique, il procure une herbe de qualité exceptionnelle pour un prix modique, voire gratuitement quand la personne est dans le besoin... Même un dispensaire, avec toute la compassion qu'il rayonne (sauf exceptions), ne donne rien pour rien.
« Enfermer Eddy ne déssert aucun but et est un énorme gaspillage de vie et d'espace carcéral, la communauté serait bien mieux servie si nous taxions et régulions les quatorze milliards de dollars de l'industrie californienne de la marijuana, au lieu d'incarcérer des gens non-violents comme Eddy qui est clairement sans danger pour la société. » Aaron Smith, Marijuana Policy Project
Eddy Lepp et sa femme, la communauté de ceux qui veulent les suivre, sont constamment sous le coup des interventions gratuites fédérales. Ça occupe beaucoup la police qui, ne chassant pas (ou peu) les vrais bandits violents, préfèrent la facilité de ceux qui ne résistent pas, l'absence de risques due au pacifisme des personnes ennuyées. Ils les font passer pour de dangereux crimminels travestis en "gens biens", afin de justifier auprès de l'opinion publique, de la priorité des interventions, de la violence, des menaces, et de l'autoritarisme arbitraire avec lesquels ils effectuent ces interventions. Tout ça pour se faire valoir tout en suscitant l'admiration - mal placée - des autres citoyens, se faire passer pour des héros qui remplissent des missions d'utilité publique, pendant que la vérité du terrain, c'est que ce sont eux les bandits. Et que le vrai résultat c'est des centaines de malades privés de leur traitement grâce à la bienveillance de l'État Fédéral...
Début 2002 un nom de domaine eddysmedicinalgardens.com est réservé, il faut attendre plusieurs mois avant que le site ne voit le jour, débarquement internaute des jardins légèrement perturbé par ce qui suit.
Raid #1 (2002)
Le , premier raid de la DEA sur les jardins d'Eddy et Linda. Les fédéraux trempent un orteil en confisquant quatre-cent plants selon High Times (trois-cent-cinquante selon pressdemocrat.com) totalement illégalement, opération contre laquelle Eddy Lepp attaquera plus tard l'État en Justice. Pas d'arrestation ce jour.
Les jardins reprennent de plus belle. En fait c'est après ce premier raid de la DEA que les cultures ont commencé a vraiment décoller, noyant tous les participants de l'aventure dans une sorte de tourbillon psychédélique.
Le 9 septembre 2002, Eddy publie un ménifeste en guise de page d'accueil "en travaux" sur l'adresse internet où il prépare un site représentant Eddy's Medicinal Gardens and Multi-Denominational Chapel of Cannabis and Rastafari, son organisation médico-religieuse. Il parle du Cannabis Thérapeutique, et du pourcentage de malades à revenus fixes qui souffrent à cause des taxes du
La troupe ne comprend pas. Eddy le premier. Lui devenu philosophe avec le temps et les épreuves de la vie, lui le repenti qui a dédié sa vie à aider les autres, lui qui a trouvé une voie hors de toute arnaque et de toute violence, une voie totalement rédemptrice, on essaye de l'empêcher de progresser. Jamais la cour ne lui accordera ne serait-ce que le bénéfice du doute quant à ses croyances, faisant comme si c'était une lubie de passage pour Eddy Lepp, mais il a été jusqu'à créer un Ministère, une Église Rasta doublée d'un jardin collectif pour que les membres malades de sa communauté puissent se soigner avec des plantes sculaires dont les pouvoirs sont vantés jusque dans l'ancien testament, une plante qui est combattue pour des raisons obcures par trop de pays dans le monde.
Jusqu'à preuve du contraire et depuis 1996, le cannabis thérapeutique est légal en Californie. Mais apparemment, l'État de Californie voit là une chose trop lucrative pour laisser des bienfaiteurs qui disposent de grandes terres cultivables, mettre en toute impunité ces terres à disposition de malades qui ne peuvent pas cultiver chez eux pour diverses raisons (par manque de place, de moyens, etc...). L'État Fédéral maintient son interdiction globalement dans tout les USA. Selon toute logique et pour respecter le choix de chacun, il devrait ne pas pénaliser les états où les habitants ont voté pour la légalisation du cannabis. Tant que les autorités continuent, d'un côté à autoriser l'usage médical dans quelques états, et de l'autre à prohiber radicalement tout usage non-médical partout (sauf apparemment depuis 2012, au Colorado et Washington), elles peuvent faire passer avec une logique manichéenne, tous ceux qui dérangent ou qui repoussent les limites, dans le camp des criminels, méchants, motivés par la cupidité. Exposés ainsi à la vindicte populaire docile dès qu'il s'agit de jeter des pierres, ils peuvent aller remplir leur rôle de martyr dont seuls quelques-uns parmi les éléments de la masse sont conscients, en prison ; dans le même temps ils se font lyncher par une certaine opinion publique cruelle, ignorante, manipulée.
Raid #2 (2004)
Le , la récolte de l'été n'a pas eu le temps d'arriver à maturité, des centaines d'agents de la DEA persuadés que l'organisation dont Eddy a la responsabilité est motivée par la cupidité ignorant ainsi toute la logique compassionnelle de l'entreprise, armés d'un mandat de perquisition invalide, d'un porte-parole du nom de Richard Meyer, investissent les lieux en perquisitionnant la ferme avec toute la finesse qu'on leur connaît.
L'invalidité établie à postériori (en 2006) par la Juge Marilyn Patel, de ce mandat de perquisition, aurait pu faire dégringoler le château de cartes monté par le Gouvernement Fédéral et rendre les preuves des plants de cannabis saisis invalides, si seulement les plants n'avaient pas été bien en vue depuis la route, et la police avait par conséquent un droit qu'elle ignorait sans doutes, celui de saisir l'herbe sans mandat. Les plants sont donc restés une preuve valide.
Selon les agents de la DEA, certains des plants sont hauts de deux mètres quarante quand ils les arrachent, malgré les protestations de Linda, qui prévient les policiers que les patients propriétaires des pieds vont souffrir, et que c'est là leur traitement pour près d'un an. Plus de trente-quatre-mille pieds, chiffre estimé par la police. Une autre estimation parle de vingt-cinq-mille pieds.
Des témoins affirment que les nombreux camions de la DEA qui ramenaient leur butin par l'autoroute Highway 20, étaient tellement bien sécurisés et fermés, qu'ils semaient des branches d'herbe sur leur chemin, petit cadeau pour la population locale qui d'ailleurs se battait pour les récupérer, comme des gosses se chamaillent les bonbons tombés à terre d'une piñata éclatée.
Certains ont rendu à Eddy l'herbe qu'ils ont pu ramasser après coup, il estime la perte de la DEA sur le chemin, à une brochette d'entre cent et deux cent kilos d'herbe environ.
Les camions non conformes ne sont pas les seuls vices de procédure qu'on peut remarquer dans ce raid. Mais quand Eddy va essayer plus tard de s'en servir, les preuves qu'il va apporter vont se retourner contre lui.
Eddy Lepp et douze autres personnes dont Linda Senti, sont arrêtés ce jour là.
Selon la presse concernant le raid de 2004, si l'herbe était arrivée à maturité, son prix aurait été en tout de quatre-vingt millions de dollars théoriques. Seulement l'herbe chez Eddy Lepp ne se compte pas en dollars, quand bien même théoriques. Elle se compte en heures et en jours de sauvegardés sur la prise de traitements lourds, de médicaments aux multiples effets secondaires pénibles, de la médecine traditionnelle obligatoire (sic!), business en développement exponentiel, premier rampart au cannabis thérapeutique. Elle se compte en heures de dorlottage, passées à bichoner ses bébés...
Cette année 2004, le magazine High Times érige Eddy Lepp en tant que « Freedom Fighter of the Year » (Combattant de l'Année pour la Liberté).
Le , une taupe (un informateur professionel de la DEA), réussit à se mettre la confiance d'Eddy dans la poche, et lui achète pour deux-mille-cinq-cent dollars, environ quatre-cent-cinquante grammes d'une herbe de haute qualité. Le dépannage est fournit par Eddy et Daniel Barnes. L'espion, dans un rapport, dénonce qu'il n'a fait mention d'un usage ni thérapeutique, ni religieux.
Raid #3 (2005)
« Un jour qui commence avec des armes à feu et termine avec Jack Herer qui te sors de prison, doit être un jour intéressant... » Mary Otte à propos du raid de 2005
Le , Eddy Lepp manifeste alentour du tribunal de Lake County le jour du procès d'un de ses amis malades, faisant signer une pétition à son bénéfice. Et comme provenant du fruit du hasard, le lendemain au petit matin la petite communauté est réveillée par le bruit des bottes des fédéraux hurlant et courant partout, speedant les éléments de la maisonnée encore dans les vapes, forçant chacun à très vite passer un habit quelconque et à suivre qui de droit...
Est présente Mary Otte, qui travaille avec Eddy et Linda. D'une main sèche elle relate dans le magazine High Times [voir références] le traumatisme qu'ont vécu les habitants pacifiques de la ferme d'Eddy, en subissant une perquisition par la DEA. Jason Dunlap, un réalisateur de films est là aussi, pour faire un documentaire sur la ferme d'Eddy.
Les policiers occupent l'espace et réunissent tout ce qui bouge dans une pièce, ils font asseoir tout le monde. Jason, appuyé par Mary, demande alors aux officiers de la DEA s'il est possible pour lui de filmer professionnellement parlant ; il a une carte de presse. Mais la police refuse bien évidemment.
Un agent autoritaire demande les noms des personnes présentes, on lui répond par une question : « sommes-nous en état d'arrestation ? », à laquelle l'agent rétorque : « si vous nous donnez vos noms, on vous dira votre statut ». Chantage logique policier, rien pour rien car tout a un prix. Les otages des policiers ne sont pas les clients habituels, ce sont des activistes désintéressés, la DEA n'aura rien d'eux, pas même des noms. A sept heures trente du matin, les policiers sans doutes lassés du silence qu'on leur offre, tout le monde est arrêté et emmené, pendant que les agents restants continuent de détruire ce qu'ils trouvent.
Seuls Eddy et Daniel Barnes sont finalement inculpés, suite au coup de vice du 19 janvier...
La prise du jour est conséquente : quatre-mille-sept-cents plants de cannabis thérapeutique, mille six cent boutures pas encore en terre, plus de sept kilos de cannabis partiellement traité et presque prêt à l'usage.
Le calcul de la valeur théorique des boutures par les autorités est complètement farfelu : partant de l'idée qu'une bouture peut donner cinq-cents grammes de cannabis, chacun des clones (des petites branches coupées en biseau) est estimé à trois-mille dollars! Le prix d'une bouture à la ferme est de cinq à dix dollars.
C'est Jack Herer qui paye la caution pour sortir Mary, Jason, et Linda de prison. Jason retourne à la ferme pour récupérer son matériel vidéo. Les policiers ont négligemment jeté ses outils de travail coûteux au milieu d'une pièce, et ils ont saisit comme preuve, plus de trois-cent heures de tournage privé. La maison est sens dessus-dessous, les policiers ont même fait s'effondrer le plafond en cherchant une hypothétique planque.
Eddy Lepp est libéré sous caution le après soixante-trois jours d'enfermement. Il a l'autorisation d'utiliser du cannabis thérapeutique dès sa sortie, mais il doit promettre de ne pas en faire pousser lui-même, sa famille ou ses patients, ils doivent passer par un dispensaire de cannabis thérapeutique, où les prix sont disproportionnés.
Linda Senti était la première femme du révérend. Atteinte du cancer de la thyroïde et déjà survivante de cette maladie à trois reprises, elle attribuait le développement néfaste de son cancer, en partie à la médication traditionnelle lourde qu'elle a du prendre avant de se mettre au cannabis. Elle attribuait sa survie par trois fois, lors de ses trois rémissions, à sa consommation de cannabis thérapeutique.
Linda inspire Eddy depuis qu'il la connaît, dans tout ce qu'il entreprend. Le premier jardin cannabique qu'il a monté était pour elle, lors de son second combat contre le cancer.
Elle et Eddy forment ensemble un nouveau Ministère, le nom est : The Peoples Esoteric Adventure (L'aventure ésothérique des peuples - TPEA)
Linda Senti, décède le lors de sa quatrième rechute affectant sa glande thyroïde, quelques temps avant qu'Eddy ne soit emprisonné. Son épitaphe est « Linda, soit vous ne la connaissiez pas, soit vous l'aimiez. »
En attendant son procès qui commence le à San Francisco, Eddy reste relativement libre, allant et venant de festival cannabique en événement chanvresque, en passant par son Ministère. Les fédéraux l'autorisent même à quitter le pays à trois reprises, lui rendant son passeport à ces fins, avec bien entendu la condition qu'il revienne et qu'il remette à nouveau son passeport aux mains des autorités. Une première dans l'histoire des USA !
Début
Sa première demande est de changer d'avocats, les siens étant apparemment incompétents pour le défendre. Il avait finit par se fixer sur Michael Hinckley et Lidia Stiglish mais Eddy estime maintenant, vu son choix de défense, qu'ils sont mal équipés pour le représenter. La juge refuse cette demande expresse. Elle refuse également qu'on utilise le terme Révérend devant Eddy Lepp, pour s'adresser à l'accusé pendant le procès.
Le jury est formé le premier jour, cinq femmes et sept hommes, et le lendemain l'accusation présente le cas d'Eddy. Le gouvernement fédéral lui reproche d'avoir cultivé plus de mille pieds, saisis lors du raid de (le deuxième). Il risque une peine de minimum dix ans, peine prévue aux USA pour la production de plus de mille plants de cannabis.
Eddy doit attendre encore le lendemain (28 août) pour pouvoir se défendre. Il choisit de contester toutes les charges : il a le droit de cultiver et de consommer le cannabis, c'est un sacrement religieux, et c'est pour des raisons religieuses, que lui, sa femme, et les membres de son Ministère le cultivent et le consomment. Il a aussi ouvert son terrain aux malades souhaitant disposer de cannabis thérapeutique pour se soigner, mais il axera sa défense sur la liberté de religion plutôt que sur celle des soins médicaux. Tous les plants de cannabis saisis par la police ne sont pas les siens, ce sont les propriétés des membres des confessions auxquelles il fournit les emplacements.
À partir de ce moment, Eddy Lepp est abandonné par nombre d'activistes et d'organisations politiques pour le cannabis thérapeutique, ces derniers appréciant moyennement les manières d'Eddy quant à son choix de défense, et la défense religieuse ne rentre pas dans leurs cases ; les déclarations d'Eddy sont politiquement beaucoup trop risquées. Selon Eddy, s'il gagne, certaines de ces organisation pruvent mettre la clé sous la porte, car elles n'auront plus de raison d'être, et ce n'est clairement pas leur intérêt : elles brassent beaucoup d'argent en provenance directe des donations.
Témoins de l'accusation
Le Gouvernement fait citer ses témoins, des policiers. Ils disposent d'un témoignage de David Garzoli, un sheriff qui connait Eddy pour être déjà passé à la ferme. Ce dernier affirme avoir eu une conversation avec Eddy, dont un fragment pourrait intéresser la Cour : « Le business doit être bon Eddy ? », avait demandé Garzoli, et Eddy avait répondu : « Je roule dedans, Dave! ». Le policier avait interprété ça comme s'il avait dit qu' « il roul[ait] dans le pognon ». Eddy ne nie pas avoir eu la conversation évoquée avec le policier en question, mais il explique cela comme une simple méprise : il parlait de rouler des joints, il avait d'ailleurs accompagné sa réponse du geste spécifique aux fumeurs de cannabis, en frottant ses doigts afin de mimer la confection manuelle d'une cigarette de marijuana, geste qu'il fit quand il put témoigner plus tard, devant la Cour et les jurés afin que tous puissent comprendre.
Le passage des témoins de l'accusation laisse une des jurés si désorientée, qu'elle rédige une liste de questions, dont les réponses sont censée éclaircir certains points, et permettre aux jurés de mieux comprendre tout. Elle transmet sa demande de renseignements à la Juge, qui refuse tout simplement de lui répondre, arguant que si des preuves n'ont pas été apportées au dossier, les jurés ne sont pas pertinents pour le signaler.
Témoins de la défense
Le premier témoin qui vient soutenir Eddy Lepp est Smiley J. Harris, grand rasta noir en jean baggy et tee-shirt sans manches, qui commence par refuser de prêter serment, et jure à la place : « J'affirme que mes mots seront vrais. », une déclaration de substitution prévue, pour les témoins qui ne se sentent pas à l'aise avec les coutumes religieuses des serments de la Cour.
Smiley témoigne que son organisation, l'Église de la Plus Grande Foi et de la Rédemption (The Church of Greater Faith and Redemption), louait des emplacements sur le terrain d'Eddy pour cultiver quelques deux-cent-cinquante plants de cannabis, ce à des fins religieuses. Eddy n'a rien fait d'autre que fournir le terrain. Au départ Smiley répond à toutes les questions qu'on lui pose de façon spontanée. Vient le tour du procureur à questionner le témoin, et quand il essaye de piéger Smiley, qu'il tente de profiter de sa réticence à dénoncer ses camarades cultivateurs pour suggérer fortement que c'est parce qu'ils n'existent pas, et qu'il ment pour couvrir son ami, le témoin garde son sang froid, et têtu, nie les accusations du procureur. S'il ne donne certes pas les noms des autres membres, il ne démord cependant pas de ses déclarations de départ : les membres de son église louaient des emplacements à Eddy, lui compris. Ce ne sont donc pas les plants d'Eddy.
Devant l'insistance de Smiley à répéter les mêmes phrases et à éluder ses questions, le procureur détaille à la Cour la liste de ses infractions passées, ce qui déstabilise un peu l'intéressé, mais sans plus. Cependant la réticence de Smiley à parler et la liste énoncée par le procureur font leurs effets, et les jurés se méfient du témoin.
La Cour insiste tellement lourdement sur les demandes de noms que Smiley finit par lâcher un prénom : une certaine Linda a eu quelque chose à voir avec le contrat, que l'église de Smiley a passé avec le Ministère d'Eddy. Il n'en dira pas plus.
Le témoin suivant est Eddy Lepp en personne. Comme Smiley avant lui, il se présente suivant son statut religieux. Il est Ministre du Eddy’s Medicinal Gardens and Multi-Denominational Chapel of Cannabis and Rastafari une organisation dont la religion est selon lui, un mélange de Christianisme et de mouvement Rasta, qui utilise pour les rituels des dates des fêtes chrétiennes, un sacrement supplémentaire que les chrétiens n'utilisent pas, ce que les Rastas appellent la Ganja, autrement dit, le cannabis. Il ajoute qu'il pratique ces rituels depuis , ainsi qu'une petite précision qui a son importance : tous les membres de l'église ne cultivaient pas forcément de cannabis, mais en tous cas, tous ceux qui le faisaient, avaient une carte de consommateur de cannabis thérapeutique valide, comme il est d'usage d'en posséder en Californie quand on consomme ce genre de médicament.
Il répond aux questions qu'on lui pose calmement. Quand on lui demande s'il était le chef de la troupe, il répond que « Tous ceux qui savent quelque chose savent ça, s'il y avait un chef du champ, c'était ma femme ». Quand on lui demande s'il était le propriétaire de tout le cannabis, il répond simplement : « Non. ». A la question concernant le jardinage, la mise en terre, l'entretient et les récoltes, il hésite un peu, puis détaille la liste de ses problèmes graves de santé, qui accessoirement l'autorisent à consommer du cannabis thérapeutique, mais qui surtout l'empêchent de réaliser des efforts tels que creuser un trou, ou labourer un champ ; il ne peut pas soulever plus de quatre ou cinq kilos... Et la réponse est : « Non, mais je me sens responsable de tous les plants, comme le leader de l'église. ». Puis quand on lui demande s'il a déjà dirigé quelqun pour faire pousser un pied de cannabis, il répond que « Non. »
Le procureur tente de déstabiliser Eddy en passant à la Cour deux vidéos circulant sur myspace. La première (introuvable) montrant le Ministre Rasta debout dans son champs, expliquant sa philosophie et démontrant que c'est par ses actions que le monde pourrait changer, et qu'il fait la Révolution. Le proc demande à Eddy s' « [il] souhaite que tout le monde, et pas seulement les membres de son église, se lève et fasse la Révolution ? ». Ce à quoi Eddy répond : « Vous n'avez pas à être Rasta pour vouloir que le monde soit un meilleur endroit... »
Eddy s'en tient au discours stratégique qu'il a choisit au début du procès: il n'a pas cultivé de cannabis, il a seulement mis à disposition son terrain à des patients.
Les dirigeants de la Cour suggèrent autoritairement à Eddy d'abjurer cette déclaration, d'admettre de bonne foi qu'il a simplement fait pousser de l'herbe.
Le procureur lui propose un marché à ce sujet, il s'agit pour Eddy de parjurer ses déclarations et d'admettre qu'il a cultivé l'herbe saisie, en l'échange de l'éligibilité à une clause appelée la « valve de sécurité «, permettant d'attribuer une peine au-dessous de celle minimum prévue pour certains condamnés non-violents, usagers de drogues désintéressés, quand ils n'ont pas ou peu été condamné par le passé.
Il refuse :
« Je ne veux pas aller en prison, mais je préfère faire dix ans plutôt que de ne plus pouvoir me regarder en face. » Eddy Lepp refusant d'abjurer sa déclaration
Témoins surprise
Cette déclaration a tendance à mettre un peu en colère la Cour, d'autant qu'elle contredit directement toutes les autres charges que le Gouvernement a contre Eddy, celles du raid de 2005 (le troisième) par exemple. Cas comportant certains détails assez dérangeants dont quelques uns pourraient rendre caduques les preuves saisies pendant cette session. Il s'avère que la taupe envoyée par la DEA est un usager de métamphétamine condamné par trois fois pour revente. L'accusation fait citer plusieurs témoins concernant cette affaire, simplement pour déterminer si Eddy ment ou pas quand il dit qu'il n'a pas cultivé de cannabis. Quelques heures de témoignages à propos de charges qui ne font pas partie du cas présent, passent.
Eddy Lepp paraît bien sincère dans les croyances qu'il prône, il pratique la religion Rastafari depuis plus de dix ans, et le gouvernement l'empêche effectivement avec ses lois autoritaires, de le faire comme il le doit. Ce sont là deux points essentiels pour tomber sous le coup du Religious Freedom Restoration Act et bénéficier d'une exception religieuse.
Hélas la Juge prétend qu'étant donné le grand nombre de plants, le risque de déviance est trop gros, il doit forcément y avoir quelques pieds qui ne sont pas utilisés pour des raisons religieuses. Elle prétend aussi qu'il est trop pratique pour Eddy de s'affirmer convertit à la religion Rastafari, surtout après avoir déclaré être un usager thérapeutique du cannabis devant un tribunal fédéral : cette religion comprend l'utilisation de cannabis dans ses rituels.
Une vague d'indignements audibles, de grognements mécontents, parcourt la salle à cette déclaration. La Juge en est interrompue. Elle tousse pour s'éclaircir la voix et poursuit, affirmant que les connaissances d'Eddy à propos de la religion Rasta sont moins que persuasives.
L'exception thérapeutique est également refusée, la cour ne veut pas reconnaître le California’s Compassionate Use Act voté en 1996.
Verdict
Les jurés passent deux premières heures à délibérer sur le cas de 2005, avant d'être recadrés par le chef d'équipe, et après une dernière heures supplémentaire de délibération, la décision tombe.
Le , Eddy Lepp est déclaré coupable de conspiration de production, et cultivation de cannabis, pour vingt-quatre-mille-sept-cent-quatre-vingt-quatre pieds, dans une entreprise qui implique plus de mille plants. Il devra faire une peine de prison de dix ans minimum, à vie maximum, et payer une amende de maximum quatre millions de dollars.
Eddy se sent comme « stoppé comme un train en pleine course par le système, spécifiquement par la Juge Marilyn Patel ». Il est surpris par la peine prononcée à son égard, tout ce qu'il a fait, il l'a fait légalement, en respectant les lois de son État. Il trouve ça très triste. Le procès a été bâclé, trop vite expédié. Les droits d'Eddy n'ont pas été respectés.
Mais commence alors une lutte acharnée qui fait durer les débats jusque dans la soirée, afin de négocier une éventuelle liberté sous caution en attendant la sentence... Le procureur fait, immédiatement après la sentence, une demande de renvoi en prison pour Eddy, précisant qu'il est inutile de perdre du temps puisque la voie de l'appel semble sans issue, et que l'accusé va de toute façons faire du temps de détention. Il argue aussi que maintenant, les enjeux ont changés pour Eddy et que comme la sentence minimum sera de dix ans, le risque de s'echapper en partant à l'étranger est maintenant plus grand. Réagissant à ces accusations expéditives, l'avocat d'Eddy fait remarquer à ses collègues magistrats que son client n'a jamais cherché à se cacher, ni à fuir. La Juge se permet avec un sourire narquois, de faire regretter à Eddy de ne pas avoir suivi « son invitation », une suggestion qu'elle lui avait fait quelques mois plus tôt : partir à Amsterdam et ne jamais revenir...
Eddy Lepp promet qu'il ne partira pas. Ça semble suffisant pour la Juge qui choisit donc de ne pas l'enfermer de temps d'attendre la sentence. Il est libre sous certaines conditions strictes : Il ne doit pas quitter le district Nord de la Californie, il ne doit pas être en contact avec du cannabis, ne pas en faire pousser, ne pas en consommer. Ce seront des choses impossible, la Juge en a certainement conscience, mais elle ajoute que s'il est pris entrain de violer ces conditions, elle lui promet qu'il sera replacé en détention « avant de pouvoir dire ouf! ».
Rendez-vous est fixé pour la sentence, le . Elle sera reporté au .
A peine la décision est-elle officialisée, que déjà Eddy Lepp demande une autorisation de quitter l'État pour pouvoir rejoindre Jack Herer au prochain Portland Hempstalk qui a lieu chaque premier week end d'après le premier lundi de Septembre. La Juge lui soumet quelques messages sévères à faire passer au public de Portland, lui ordonne de dire la vérité sur ce qui s'est réellement passé au procès...
Une campagne de soutien s'organise pendant ce laps de temps, des centaines de lettres sont envoyées à la Juge Marylin Patel pour demander la libération d'Eddy, l'abandon des charges retenues contre lui, qu'elle fasse preuve de pragmatisme et d'humanité.
Le , Eddy se marie. C'est le deuxième jour du festival C.H.A.M.P.S. à Las Vegas, le mariage a lieu à la chapelle de l'Hôtel Riviera. Sa nouvelle femme se prénomme Linda, simple coïncidence. Ils se connaissent depuis longtemps. C'est une activiste, comme lui, et elle connaît bien le sujet de la légalisation, comme lui.
En fait ils s'étaient marié en septembre dernier, mais ils avaient fait annuler leur mariage dans l'idée d'en refaire un aux normes religieuses de leurs convictions.
Ce festival est le plus gros salon cannabique pour tout ce qui est objets destinés à la communauté des consommateurs de cannabis. Malgré l'interdiction de prendre ses propres photos ou vidéos du mariage par le personnel, les invités, discrètement, ne se privent pas. PonyBoy un vieil ami d'Eddy, fait partie des convives. Lui et d'autres arrosent Linda et Eddy non pas de riz, mais d'une pluie de têtes de cannabis à la sortie de la chapelle.
La fête continue sur le toit du Palms Hôtel, qui accueille ce soir là pas moins de cinq-cents personnes. Au cours de la soirée, le groupe de Ponyboy los Marijuanos, joue quelques morceaux. Eddy monte sur scène et participe au concert. Succès assuré.
La sentence est finalement prononcée à charges le par Marylin Patel : Eddy Lepp, 56 ans et malade, est condamné à dix ans de prison ferme, deux-cent dollars d'amende, plus cinq ans de liberté surveillée avec des tests sur sa consommation de drogues, pour avoir fait pousser plus de mille plants de cannabis.. La Juge, comme une autocritique, affirme la trouver "excessive", se dédouanant dans l'instant d'après en disant que ça ne dépend pas d'elle, et elle ne réduit pas son temps d'emprisonnement pour autant. Elle invite toutefois Eddy à formuler une nouvelle demande d'audience dans le cas où la loi viendrait à changer.
La juge décrète qu'Eddy Lepp n'est pas éligible la « valve de sécurité » (il n'a pas accepté le marché proposé par le procureur, de parjurer ses déclarations en l'échange de cette éligibilité).
Elle ne croit pas à la bonne foi d'Eddy, persuadée de sa haute place dans une obscure hiérarchie, jamais démontrée, au sein de ses Ministères... Ces prétextes ou intuitions, sont suffisants pour débarrasser la Juge des éventuels scrupules qu'elle aurait pu avoir, et le faire, lui l'homme sage de soixante ans passés, envoyer en prison pour dix ans sans même réduire son temps d'emprisonnement. « Peut-être que vous voulez être un martyr pour la cause [de la légalisation du cannabis], si c'est le cas alors c'est votre lot »
Une des requêtes d'Eddy est pourtant acceptée par la Juge, malgré la forte suggestion entre deux sarcasmes du procureur Dave Hall, de refuser en raison de nouvelles preuve de sa soit disant implication récente dans une affaire concernant une infraction sur le cannabis, qui a mené des enquêteurs à la maison voisine de celle d'Eddy : il est libre en attendant le début de sa peine de prison, libre de pouvoir se rendre lui-même et le jour J au pénitencier, pour sans résistances et humblement, recevoir la punition qu'on lui a attribué. Eddy a tout de même une part de confiance de la Juge : il a respecté tous ses rendez-vous depuis sept ans, il n'a jamais cherché à se soustraire aux autorités ni à fuir. De plus, sa fille est en mauvaise santé, et Eddy souhaite retourner auprès d'elle. Un rendez-vous est convenu le à la prison de Lompoc, Comté de Santa Barbara (Californie).
Cependant, Patel demande au procureur de soumettre toute preuve additionnelle incriminante au dossier, laissant entendre à Eddy qu'il pourrait être incarcéré plus tôt. Ce ne sera heureusement pas le cas.
« J'essaie fort de ne pas avoir de mépris envers cette cour (...) ils ont donné [à la Juge] la robe noire de la Mort, et elle peut faire tout ce qu'elle veut. Elle voulait juste donner une leçon [à Eddy], comme s'il était un petit garçon. » Ed Rosenthal, Gourou de la Ganja
A la date prévue, Eddy Lepp se rend effectivement à Lompoc, Californie, afin d'effectuer ses dix ans de prison. Lompoc est au Sud de San Francisco, à cinq-cent-cinquante kilomètres au Sud-Ouest de Upper Lake. Pour se rendre au pénitencier de Lompoc, il prend l'autoroute Highway 101 qui longe la Côte Ouest, et passe par Pismo Beach (entre San Francisco et Lompoc). Un coup de téléphone passé à un de ses amis, journaliste de Pismo Beach, et voilà l'équipe de soutiens qui accompagnent Eddy aggrandie d'un élément. Charles Lynch relate dans le Salem-News [voir références] cette dernière journée de liberté d'une personne qui est un héro pour beaucoup.
Sur la 101, il y a beaucoup d'embouteillage ce jour là. Eddy a les yeux gonflés et fatigués des années à batailler avec le Gouvernement, il est pourtant serein et affirme qu'il n'a pas peur, pendant que les soutiens l'écoutent admiratifs et tristes. Il est sur le point d'entrer en détention pour dix longues années, et il a une forte conviction du bienfondé de ses actes. Les derniers joints, en liberté, tournent dans un esprit de partage fraternel, celui que quelques rares survivants de la vague hippie continuent à faire perdurer malgré le temps qui passe inlassablement et qui détruit tout, les vies comprises.
Eddy avait fait une demande de liberté sous caution en attendant l'appel, mais la motion n'a même pas été lue par la Juge, qui s'est empressé de la refuser.
Tout le monde l'accompagne à l'intérieur de Lompoc FCI, un centre de basse sécurité, tenu par le Bureau of Prison. Et Eddy est pris en charge par l'administration. C'est le début pour lui et pour ses proches, pour ses soutiens, d'une longue période de gaspillage de temps précieux. Les agents pénitenciers ordonnent à la troupe de quitter les lieux.
« La vie en prison est très ennuyante. Il y a peu de choses à faire et encore moins de quoi se soucier. Je [joue] Bocci, lis, ecris. Les gars avec qui je suis ici m'aident, beaucoup sont des gens merveilleux et nous serions mieux à l'extérieur tous à la maison, eux avec leurs familles. » Eddy Lepp, à Soft Secrets USA
« Eddy Lepp et Linda Senti sont engagés dans le mouvement pro-cannabis depuis longtemps maintenant. Leur consécration à cette plante qu'ils ressentent comme sacrée, ne se voit pas seulement dans leur activisme mais dans leur vie de tous les jours. Ils utilisent cette plante par tous les moyens possibles, depuis la nourriture qu'ils mangent aux habits qu'ils portent, comme médicament et comme sacrement. » Jack Herer, L'empereur est nu
Pendant le festival Hempstalk 2009 de Portland, l'ami de toujours d'Eddy, Jack Herer, très malade du coeur, fait un nouvel infactus. C'est le 12 Septembre 2009. Jack meurt sept mois plus tard, le 15 avril 2010, à Eugene (OR), des suites des complications de cette crise cardiaque de laquelle il ne s'était jamais vraiment remis.
Eddy Lepp parle de Jack avec passion, c'est « [son] héro, [son] mentor, [son] meilleur ami et frère de rue. Certaines personnes sont bénies d'aimer et de connaître quelqun aussi bien que Jack et [lui se sont] connus et aimés ». Jack et lui sont impliqués depuis de longues années dans le mouvement lobbyiste pour la légalisation aux USA.
Un avocat est attribué à Eddy pour la suite des événements. Il a fermement l'intention de faire appel de la sentence. Il l'estime injuste, il a toujours été sincère, droit et franc, dans tout ce qu'il faisait. La police locale ne l'a pas empêché de faire pousser son herbe alors qu'elle en a eu mille fois l'occasion, vu qu'il prévenait les autorités à chaque nouvelle parcelle dédiée à la culture et qu'il n'a pas cherché à cacher sa plantation, elle se voyait depuis l'autoroute.
Selon sa femme Linda, il va falloir pas moins de huit mois pour faire simplement aboutir la demande d'appel, et Eddy pourrait se retrouver en Cour d'appel aux alentours du mois de Juin 2010.
Le , Eddy est escorté au tribunal.
L'appel est un échec. La cour d'appel confirme l'interdiction qu'a Eddy de se servir des raisons religieuses et thérpeutiques du cannabis pour sa défense, la condamnation, et les dix ans de prison.
Quelques actions passées
Vers le moment de l'appel, une action lancée par les proches d'Eddy vise à envoyer des lettres au Président de la République, Barack Obama. Plus de sept-mille lettres partent de partout, pour attirer son attention sur le cas d'Eddy Lepp.
Au mois d'avril 2012, une vente aux enchères est organisée en sa faveur, afin de récolter des fonds pour l'aider.
Le à Shenanigans, Sacramento (CA), a lieu une collecte de fonds sous la forme d'un rassemblement sur donation, avec au programme des performances de Jeff Peterson, Kitty Miller, More TBA, Leaf the comedian, Real One Reefer Madness.
En Juillet 2012, il est transféré à Anthony, Comté d'El Paso, au Texas, au FCI La Tuna. [voir références pour son adresse]
Selon cannabis.info, la ville d'Oakland en Californie, serait en pourparlers pour développer sous licence, le même genre de système que celui pour lequel est emprisonné Eddy - une culture industrielle à grande échelle de cannabis -, pour travailler de pair avec les dispensaires de cannabis thérapeutique. La différence avec les jardins naturels d'Eddy, fleurissants en grande partie sous le soleil de Californie, est de taille : celle-ci serait cent pour cent indoor (en placard, sous des lampes HPS 400-1200W), et utiliserait donc beaucoup d'énergie électrique. Cette énergie qui a un coût pourrait se faire rembourser par la vente aux prix prohibitifs, de l'herbe produite en dispensaires : quinze à vingt-cinq dollars le gramme. Il faut dire que les médicaments coûtent généralement relativement chers aux USA.
Eddy est libérable en , sans compter les éventuelles remises de peine.
Depuis le , la Juge Marylin Patel ayant pris sa retraite, c'est au Juge William Alsup que revient la responsabilité de s'occuper du cas d'Eddy.
C'est plutôt une bonne nouvelle, car certaines décisions passées de ce Juge vont dans le sens des lois californiennes concernant le cannabis thérapeutique ce qui permet de s'autoriser à espérer qu'il ne soit pas insensible au cas d'Eddy Lepp. En effet, en , le Juge Alsup a décrété que la police fédérale n'avait plus le droit d'ennuyer les médecins californiens pour leurs discussions avec leurs patients, à propos des bienfaits du cannabis thérapeutique, ou pour leurs recommandations directes de ce traitement. L'acte de prescrire du cannabis à fumer, est encore considéré par beaucoup de monde - conditionné par les campagnes de lutte anti-drogues qui sont les armées locales de la Guerre aux Drogues - comme une incitation à l'usage de drogues nocives, à la manière de dealers qui proposent de nouveaux produits à un usager.
Prescrire de l'herbe est pourtant une avancée immense des moeurs de la médecine, et heureusement que certains magistrats agissent, si ce n'est de manière ouvertement engagée pour la progression de la légalisation aux USA, au moins loyalement envers tous les citoyens américains.
Action en cours
Jusque mi-mars 2012, à moins d'une indication contraire
** Message original de Heidi Grossman sur facebook ; merci à elle **
Le , Eddy a rempli une demande juridique appelée « motion 2255 », qu'il a envoyé au gouvernement fédéral. Le gouvernement a soixante jours pour lui répondre (note : au ils n'ont toujours pas répondu), Eddy a ensuite trente jours pour renvoyer la réponse des fédéraux au Juge Alsup.
Nous pouvons appuyer sa demande afin qu'il soit rejugé, et peut-être libéré...
Tous ensemble, aidons à faire en sorte que le cas d'Eddy Lepp puisse servir, grâce à notre persévérance et aux précédents engagements du Juge Alsup, à porter une autre estocade aux lois fédérales, et à mieux faire respecter les lois américaines assouplissant la législation sur le cannabis.
Tous ensemble, aidons Eddy Lepp!
Vous pouvez écrire à Eddy Lepp en prison, pensez juste à éviter tout sujet qui pourrait être censuré, sans quoi vous risquez de voir votre courrier filtré.
P.O. Box 3000
F.C.I. La Tuna
Anthony, New Mexico
Texas 88021
USA
Action en cours, jusque mi-mars, sauf indication contraire
Message original de Heidi Grossman sur facebook
Le , Eddy a rempli une demande juridique appelée « motion 2255 », qu'il a envoyé au gouvernement fédéral. Le gouvernement a soixante jours pour lui répondre (note : au ils n'ont toujours pas répondu), Eddy a ensuite trente jours pour renvoyer la réponse des fédéraux au Juge Alsup.
Nous pouvons appuyer sa demande afin qu'il soit rejugé, et peut-être libéré...
Tous ensemble, aidons à faire en sorte que le cas d'Eddy Lepp puisse servir, grâce à notre persévérance et aux précédents engagements du Juge Alsup, à porter une autre estocade aux lois fédérales, et à mieux faire respecter les lois américaines assouplissant la législation sur le cannabis.
Tous ensemble, aidons Eddy Lepp!
Pour soutenir les démarches engagées par Eddy Lepp, vous pouvez écrire au Juge Alsup. Attention à rester correct et à utiliser un anglais correct également. Demandez :
- La libération d'Eddy
- l'abandon des poursuites et une nouvelle sentence basée sur le temps effectué
- la garantie d'un nouveau procès juste et équitable, avec les faits et toute la vérité
United States District Judge
San Francisco Courthouse, Courtroom 8, 19th floor
450 Golden Gate Avenue
San Francisco, California 91402
USA
Eddy Lepp est à court d'argent, il se représente lui même dans ces épreuves ; vous pouvez l'aider directement en lui envoyant de l'argent. Pensez quand même à le prévenir que ça vient de vous...
Charles Edward Lepp
Inmate #90157011
FCI La Tuna,
PO Box 6000,
Anthony, Texas 88021
USA
Vous pouvez utiliser les affiches suivantes (sous CC) :
- Général :
- Pearltree [outil collaboratif et gratuit - participez!]
- Eddy Lepp (facebook)
- Americans for Safe Access
- NORML
- Marijuana Policy Project
- « Shit I think about » par Eddy Lepp édité par Treating Yourself (épuisé)
- Sauvegarde de la version flash de EddysMedicinalGardens.com (30 octobre 2003)
- Presse spécialisée, traditionnelle (chronologique) :
- Magazines indépendants :
- Magazine complet Treating Yourself Issue 14 (p.39-48)
- Raid de 2002, The Healing Fields :
- 9 Septembre 2002 - Eddysmedicinalgardens.com - EddysMedicinalGardens.Com!
- Raid de 2004 :
- 13 Août 2004 - Marijuana.com - Raid at Eddy Lepp's right now from the e-dispensary
- 18 Août 2004 - pressdemocrat.com - $80 million pot farm busted
- 19 Août 2004 - High Times - The Healing Fields
- Raid de 2005 :
- 18 Février 2005 - High Times - Eddy Lepp Raid Details
- 18 avril 2005 - Cannabis Culture - Lepp makes bail
- Linda Senti :
- 27 Novembre 2007 - High Times - Rest In Peace: Linda Senti, Activist and Wife of Eddy Lepp
- Procès :
- 31 Août 2008 - Vanessa Nelson - Eddy Lepp Takes the Stand at Trial, MySpace Videos Used Against Him
- 5 Septembre 2008 - pressdemocrat.com - Lake County pot grower Lepp guilty
- Mariage :
- 23 Mars 2009 - Eddy Lepp Wedding
- Sentence :
- 18 Mai 2009 - NORML - Eddy Lepp receives 10-year mandatory minimum for medical marijuana
- 18 Mai 2009 - Cannabis Culture -
- Lompoc FCI :
- 9 Juillet 2009 - Salem-news - Walking the Last Free Mile with Eddy Lepp
- 21 décembre 2009 - Written by Eddy Lepp
- 14 Août 2011 - Cannabis.info - Eddy Lepp Speaks
- Appel :
- 28 juillet 2011 - SFGate - Court upholds 10-year term in medical pot case
- Divers :
- 22 Septembre 2011 - Linda Lepp - Life after Eddy Lepp
- 13 Août 2012 - High Times - Pot Prisoner Pen Pal #2 – Eddy Lepp
- Magazines indépendants :
- Actions collectives, indépendantes :
- 12 avril 2012 - Toke of the Town - Free Marijuana Prisoner Rev. Eddy Lepp: The Lepp-A-Thon
- Vente aux enchères (terminées le 20 avril 2012)
- Novembre 2012 ⇒ Mars 2013 - Free Eddy Lepp par Heidi Grossman
- Vidéos :
- Documentaire : Eddy Lepp and a story of his farm (28:26) Chris Thompson
- Documentaire : Free Eddy Lepp (9:13) Eddy's Medicinal Gardens, Hello Jazz mis en ligne le 20 mars 2008
- Musique : Free Eddy Lepp song (3:42) Los Marijuanos enregistré en
- Musique : Free Eddy Lepp (4:20) Jet Baker mis en ligne le 31 mai 2009
- Interview : Interview with Eddy Lepp (9:54) Jan Irvin (Gnostic Media) mis en ligne le 19 juin 2009
- Interview : Eddy Lepp with Chris Bennett (21:35) Chris Bennet (Pot-TV) mis en ligne le 2 mars 2010