Bozidar Radisic Slovénie Božidar Radišić
Božidar Radišić est emprisonné le 21 septembre 2012. C'est un activiste pour la réforme des politiques des drogues, porte parole du cannabis thérapeutique en Slovénie. Son pays l'a enfermé pour cinq plants de cannabis personnels, malgré l'absence de preuves concernant une quelconque revente, et des irrégularités dans les procédures policières. Il entame une grève de la faim en prison, puis il est libéré le 7 décembre 2012, après avoir accepté un marché proposé par la Cour.
La Slovénie

Les lois sur les drogues évoluent en Europe et ailleurs, beaucoup trop lentement cela dit. Cela se traduit rarement par un réel bouleversement de la législation, mais par des exceptions concernant une certaine catégorie de personne, ou un certain usage pour lequel on destine l'achat que l'on fait. Lorsqu'une jurisprudence est prise ou qu'une modification exceptionnelle de la loi est adoptée, cela ouvre une brèche que s'empressent de remplir volontiers des citoyens, qui par la suite se font parfois injustement condamner.

En Slovénie selon des informations de 2011, le fait de se procurer une drogue avec l'intention de la consommer n'est pas interdit. La consommation en elle même n'est pas considérée comme une conduite criminelle, le ZPPPD (l'Acte pour la production et le commerce des drogues illicites en Slovénie) définit séparément la possession de drogues illicites et la possession de petites quantités pour usage personnel. Pour les petites quantités, quand il s'agit d'un usage thérapeutique, la loi traite encore différemment les cas. La possession de drogues reste un délit mineur qui peut être sujet à une amende ou à un emprisonnement. Le trafic de drogues au contraire est considéré comme un crime, et mène quasi systématiquement à une peine de prison. (EMCDDA - [Voir références])

Bozidar est un militant pour la légalisation du cannabis en Slovénie, un activiste conscient de l'innocuité du cannabis, comme on en voit de plus en plus partout dans le monde, et qui fait valoir son droit de le consommer, surtout si ça soigne. Et comme de nombreuses personnes dans le monde, il fait pousser du cannabis pour sa consommation personnelle. Quelques pieds suffisent pour passer quelques mois tranquille sans avoir besoin de dépendre du marché noir, du trafic de rue qui pousse à consommer des produit douteux à des prix prohibitifs.

Suivant une tendance mondiale qui va en ce sens, Bozidar revendique, tout comme la Commission Globale pour la Politique des Drogues (CGPD) (Kofi Annan, Ruth Dreyfuss...), un constat d'échec total de la Guerre aux Drogues. Elle a montré des résultats catastrophiques, et a fait empirer le phénomène du problème de la consommation de drogues dans le monde. En prenant le parti de la CGPD qui suggère d'opter pour le pragmatisme et une remise en question des politiques des drogues partout dans le monde, en prenant le parti de l'antiprohibitionnisme, Bozidar lutte pour la santé publique, pour l'amélioration de la qualité de vie des millions de personnes dans le monde qui consomment du cannabis sans nuire à quiconque. Plus localement, Bozidar se bat au nom de toutes les personnes qui pensent qu'il est grand temps de légaliser le cannabis en Slovénie.

Recherches de Bozidar

Avant sa condamnation, Bozidar Radisic avait publié les résultats d'une recherche, [voir références 1er octobre ENCOD] dans laquelle il prétend avoir découvert plusieurs choses : Près de la moitié du travail des Juges slovènes concerne des cas de stupéfiants, dont quatre-vingt pourcent de cas où le cannbis est impliqué. Une praxis d'inculpation de trafic, à tort, pour les consommateurs de cannabis se généralise en Slovénie. Bozidar compare les statistiques européennes avec les statistiques slovènes, et remarque que le ratio européen entre les crimes (trafics) et les délits (possession, consommation) est de cinq à dix pourcent pour les crimes, contre quatre-vingt-dix à quatre-vingt-quinze pourcent pour les délits au niveau de la moyenne européenne. La chose devient alarmante en Slovénie où le ratio passe à trente pourcent pour les crimes (trafics), et soixante-dix poucent pour les délits (possession).

Bozidar commence à s'intéresser au département de police de Murska Sobota, une ville du Nord-Est de la Slovénie, car à cet endroit précis la tendance s'inverse totalement en 2010, et devient soixante-dix pourcent de crimes pour trafic, contre trente pourcent de délits simples de consommation ou de possession! Plutôt étrange. La police de Murska Sobota a droit grâce à ces chiffres, à une brigade spéciale drogues, de terrain. Les consommateurs de cannabis sont en particulier visés. Grâce à ces chiffres également, la ville reçoit une subvention de trois-cent-millions d'euros par an pour sa "lutte anti-drogue". Ce montant inclus toutes les charges financières possibles visant à permettre d'éliminer le plus de personnes en rapport avec les stupéfiants (et donc particulièrement avec le cannabis), consommateurs compris: charges judiciaire [procureurs et juges, avocats de l'accusation, experts (bidons), témoins (souvent bidons aussi)], charges de police [indicateurs et missions d'infiltration, véhicules (hélicoptères, voitures, cars, motos)], etc...

Bâillonnement

Le , Bozidar Radisic est arrêté. La police lui confisque au passage ses cinq pieds de cannabis en jubilant d'avoir trouvé de quoi l'inculper, car ils s'agit bien de le faire taire. Bozidar a mis les pieds là où il ne fallait apparemment pas, a pointé du doigt et amené à la connaissance de ses pairs des choses dérangeantes pour l'État de Slovénie, et plus particulièrement pour Murska Sobota et sa police vendue pour faire du chiffre. L'ennui c'est que maintenant les autorités ont de quoi le faire tomber pile dans les mailles du système corrompu, celui même qu'il avait mis en évidence.

Malgré de nombreuses irrégularités dans son dossier, il est jugé coupable et est maintenu en détention sur la base d'un soi disant danger de revente de ses cinq plants (huit selon la presse - DELO, slovenskenovice.si, ...) de cannabis qu'il s'est fait confisquer et qui sont sous scellés bien au chaud au commissariat. Vaste blague.

Tout de suite, Bozidar, certain de son bon droit, et comprenant le désir du gouvernement de le réduire au silence, entre en grève de la faim. Cette information est médiatisée de manière indépendante par ses amis activistes locaux, puis elle est relayée par ENCOD atteignant ainsi l'Europe. Cannabis Sans Frontière, RBH23 et CILIPPGAD ont souhaité porter à la connaissance de leurs compagnons francophones, le sort qu'on réserve aux activistes slovènes.

Références
Liens :

Tous ensemble, soutenons l'ancien
Prisonnier Politique de la
Guerre aux Drogues

Božidar Radišić